La Poterie de 1718 à 1957

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1718 Gille Gibon, Maître potier, originaire de Boufflioux (Belgique), obtenait un sauf-conduit du curé de son village, l’autorisant à venir s’installer avec son fils, à Ferrière la Petite. Ils apportaient avec eux des techniques plus évoluées, comme le gré cérame et les secrets de fabrication de fabrication de Bouffioulx, ce qui leur fut sévèrement reproché par les habitants de cette cité qui les accusaient d’avoir « fait un tort et un préjudice irréparable au métier en allant exercer leur métier en pays étranger« . Gille Gibon fut rejoint un peu plus tard par deux de ses fils: en s’installant dans le village et en se mariant ils formèrent une véritable dynastie de potiers dont de nombreux descendants habitent toujours à Ferrière la Petite aujourd’hui.
Les familles entretenaient entre elles de bonnes relations et évitaient une surproduction pouvant amener une baisse de prix. Elles évitaient, aussi de se concurrencer et avaient des marchés bien définis  dans des zones précises.
Les apprentis étaient souvent les fils de la maison ou des voisins. Ils étaient formés sur place, dans l’atelier même. Le maître potier transmettait tout son art, ses connaissances de la matière, son tour de main, sa technique. Ainsi se perpétuait un art qui caractérisait une famille.
Les potier produisirent des grès cérames bleus unis ou simplement décorés de feuillage ou d’un dessin en bleu plus foncé, gras et brillant, mais aussi de véritables œuvres d’art ornées de reliefs émaillés.
Les objets les plus fréquemment fabriqués étaient des cruches, des écuelles, des bouteilles, des saloirs, des pintes, des vases de nuit, des pots à tabac, des crapauds, des étouffoirs, des porte-allumettes, des splendides vases décoratifs, etc…

 

Grès bleu

 

En 1789, dans ce village de 335 habitants,  il existait 12 ateliers occupant 192 potiers qui ont fabriqué plus de 500 000 pièces. Les potiers extrayaient la terre du territoire même de la commune et celui de Ferrière la Grande, en particulier des biens appartenant à l’abbaye d’Hautmont.
Les ouvriers devaient creuser des puits de 1,50 m de diamètre de 3 à 25 m de profondeur suivant le niveau des veines et perçaient ensuite des galeries assez courtes de 10 à 20 m. Les filons étaient d’épaisseur très irrégulières de quelques centimètres à plusieurs mètres.
La 1ère partie de la cuisson se faisait au petit feu, aux environs de 800 degrés et durait 12 à 14 heures. Elle avait pour but de déshydrater l’argile. La seconde partie au grand feu aux environs de 1400 degrés durait 18 à 36 heures pour obtenir la vitrification.. Dans la seconde partie de la cuisson, on procédait au glaçage avec du sel projeté par les ouvertures. Le sel s’évaporant, les vapeurs de chlore se déposaient sur les pièces et formaient un vernis. Cette cuisson exigeait une quantité énorme de bois que l’on trouvait facilement autour du village dans les bois et bosquets.

 

Au début du 19ème siècle, avec l’arrivée sur le marché régional de la faïence anglaise et l’ouverture de la faïencerie de Ferrière la Petite, l’industrie de la poterie commença à décliner. Puis l’arrivée de l’industrie métallurgique à Ferrière la Grande et Maubeuge fit appel à la main d’ouvre locale. Le nombre d’ouvriers potiers passa à 144 en 1804 puis 40 en 1850. Pourtant jusqu’en 1850 subsistèrent toujours 12 maîtres potiers. La production aussi fit place à la production de grès bruns utilitaires et de tuyauteries à partir de terres extraites du lieu-dit « Les Valettes ».
En 1904 il ne restait plus que 5 poteries de grès et  en 1936 : 2 potiers GIBON & TAULET et une fabrique de tuyaux JENOT & MOUSSET.
Le dernier potier LAMBERT cessera toute acticité en 1957 et la fabrique de tuyaux JENOT & MOUSSET, détruite par un incendie en 1962 ne fut jamais reconstruite.

 

Grès brun

 

Beaucoup des poteries produites à Ferrière la Petite
sont conservées et exposées au Musée de La Cour des Potiers.

 

 

  Décès en 1977 de
Henri Lambert,
fils de Auguste Lambert

dernier potier
de Ferrière la Petite